Réfection du pont
Mise à jour juillet 2024 – P. Baratault
La remise en état du pont de franchissement du fossé de la Batterie de la Pointe est une bien longue histoire qui a la date de cette mise à jour est encore loin d’être terminée. Après un court rappel du besoin on traite ci-après de ses différents épisodes :
- Projet initial proposé par ADPP en 2012
- Six années d’itérations infructueuses de 2014 à 2020
- Autre itération infructueuse de 2020 à 2022
- Passerelle temporaire pour chantiers d’insertion à partir de 2023
- Projet pour passerelle ouverte au public
Le besoin
Dès le démarrage des chantiers d’insertion Batterie de la Pointe en 2009, la question de la réfection du pont donnant accès aux plateformes et aux casernements se pose. Les structures métalliques du pont d’origine sont rongées par la rouille et il est devenu risqué de l’emprunter. Pour accéder à leur relais de communications, les pompiers ont fait mettre en place un un escalier permettant le passage par le fossé. Cela pouvait convenir lors des chantiers internationaux mais montre vite ses limites dès lors que l’on a des matériaux lourds à transporter et un grand volume de gravats à évacuer. Différentes solutions sont explorées mais n’aboutissent pas. Les gravats qu’on ne peut évacuer continuent de s’accumuler. ADPP décide en 2012 de conduire un projet aussi proche que possible de la réalisation d’origine pour conserver au site sa valeur patrimoniale et pouvoir prétendre au lancement d’une souscription sous l’égide de la Fondation du patrimoine.
Le projet initial (2012)
Le principe de base est de remplacer les structures métalliques d’origine qui étaient rivetées façon tour Eiffel par des profilés d’aujourd’hui, bien moins coûteux, en s’appuyant sur les culées maçonnées en meulière existantes et sur trois couples de piles métalliques intermédiaires. Les caractéristiques générales du pont réhabilité sont les suivantes :
- charge maximum admissible pour le pont réhabilité fixée à dix tonnes.
- longueur totale 17,7 m (trois travées de 4,3 m et une de 4,8 m), largeur 4 m, hauteur sous tablier de 4 m,
- tablier en chêne, comme à l’origine, ou plaques béton avec trottoirs de part et d’autre équipés des rambardes métalliques du pont d’origine adaptées aux normes de sécurité d’aujourd’hui.
Pour associer les chantiers d’insertion à la réalisation de cet ouvrage en évitant le travail en hauteur, il est prévu que les tronçons de pont soient fabriqués en usine puis assemblés et équipés au niveau du sol avec mise en place finale par camion grue. On compte de 18 à 24 mois pour études, réalisations en usines, montage et épreuves de test sous réserve d’obtention du flux de financements nécessaires.
Vues de dessus, de côté et en coupes du projet initial
Ce projet, avalisé par l’Architecte des Bâtiments de France, a été accepté par la Fondation du patrimoine qui a ouvert en septembre 2013 une souscription dans le cadre d’une convention signée avec la Ville de Palaiseau, propriétaire du site, et l’association ADPP, porteuse du projet. Les dons déposés bénéficient d’une réduction d’impôt : www.fondation-patrimoine.org/14657
La souscription a immédiatement connu un très grand succès et deux mois après son lancement, les fonds nécessaires pour engager la première phase des travaux prévue au titre de la convention tripartite étaient largement acquis. Il appartenait à la Ville en tant que propriétaire du site et donc maître d’ouvrage de notifier la commande correspondante. On pouvait ainsi espérer inaugurer le pont réhabilité pour les journées du patrimoine 2016. La Ville n’a pas su le faire avant les élections municipales de 2014. La nouvelle majorité a bien confirmé sa volonté de mener l’affaire à son terme mais en 2020 le pont n’existe toujours pas..
Six années d’itérations infructueuses (2014-2020)
Dans la convention signée par la Ville, trois tranches de travaux étaient distinguées :
- La première tranche avait pour objet la validation de l’avant projet et l’établissement des spécifications pour réalisations. Son montant (21 000 €) était inférieur au seuil de procédure imposant appel d’offres. Elle devait être engagée de gré à gré fin 2013.
- Les deux tranches suivantes portant sur les réalisations (montant global de 119 407 €) devaient être engagées à partir de 2014 après appels d’offres.
Après changement de majorité municipale lors des élections de 2014, la Ville a décidé seule de procéder différemment et lancé un appel à concurrence sur l’ensemble du projet. Les procédures ont fait que ce n’est qu’en juillet 2015 qu’un marché de maîtrise d’œuvre a été notifié à une grande entreprise de travaux publics. Dès la réunion de lancement, celle-ci, habituée aux grands travaux, a montré qu’elle avait un tout autre objectif que celui très clairement défini dans le marché qu’elle venait de signer. Ses premières esquisses on été fermement rejetées par le représentant de la Fondation sous le qualificatif de « pont d’autoroute ». Il aura fallu attendre jusqu’à juillet 2016 pour qu’un compromis soit trouvé et mars 2017 pour qu’un avenant à la convention soit cosigné. Cet avenant entérinait une augmentation de coût de 215 % essentiellement dû à la réfection totale des maçonneries en béton alors que l’engagement contractuel était l’utilisation des maçonneries en meulière existante ainsi qu’un allongement du pont pour pouvoir masquer le béton. C’est pour « préserver l’avenir » que la Ville a pris cette décision. Elle en a assumé la conséquence en recherchant et obtenant les financements complémentaires nécessaires. Les procédures ont fait que ce n’est qu’en mai 2018 que le marché de réalisation a été notifié. Pendant une année, le démarrage des travaux a été annoncé comme imminent mais en fait, en dehors de travaux préparatoires par les chantiers d’insertion, il ne s’est rien passé sur le site. Le pot aux roses à enfin été découvert en mai 2019. Alors que le marché de réalisation était notifié, la Ville a décidé de faire contrôler le projet établi par le maître d’œuvre par un organisme qualifié. Celui-ci, faute sans doute de directives précises a montré que le pont prévu ne répondait pas aux normes de la circulation routière pour tous types de véhicules. Sans qu’aucune information n’en soit donnée aux signataires de la convention, un nouveau projet a été établi engendrant un nouveau surcoût de 125 000 €. Ce n’est qu’en juillet 2019 qu’un plan pour ce nouveau projet a été transmis à la Fondation et à ADPP et là stupeur ! On était revenu cinq ans en arrière avec cette fois un véritable pont d’autoroute, profil inadmissible et renforcement des structures métalliques et maçonnées pour pouvoir répondre, suivant les normes et si l’on a bien compris, à d’éventuels freinages brutaux de véhicules très lourds circulant à grande vitesse : proprement aberrant quand on connait les lieux.
Cette solution était inacceptable tant par la Fondation que par ADPP qui, outre son souci de préserver le caractère patrimonial du site, ne pouvait accepter de cautionner auprès des contribuables locaux une telle dépense. Les tentatives pour sortir de cette impasse avant les élections municipales de 2020 ont été infructueuses. On en était donc là où l’on en était six à sept ans plus tôt, à ceci près que la souscription fructueuse conduite par la Fondation du patrimoine (plus de 30 000 €) pouvait être perdue car normalement close au bout de cinq ans si les factures de travaux de réalisation n’ont pas été présentées. La Fondation avec laquelle ADPP a depuis le début de cette affaire eu d’excellentes relations de confiance n’était pas formellement passée aux actes et n’avait pas fermé la souscription mais on ne pouvait plus encore abuser de sa patience.
La planche ci-après portant sur le profil du pont, principal objet des désaccords résume ces itérations (cliquer sur l’image pour présentation pleine page).
Pour plus de détails, télécharger la note « Réfection du pont de la Batterie de la Pointe. Rappels et situation en mai 2020.
Autre itération infructueuse (2021-2022)
Les élections municipales de 2020 si elles n’entraînent pas de changement de majorité ont pour conséquence une redistribution des responsabilités parmi les adjoints. Une commission regroupant des élus majoritaires est chargée d’examiner ce que peut être l’avenir du site. ADPP est invitée à s’y exprimer. Les conclusions de cette commission vont dans le sens d’aménagements au profit d’activités associatives, la première étape à engager étant la remise en état du pont. L’adjoint au maire Pierre Costi en est chargé. La première décision prise est de mettre fin au marché de maîtrise d’œuvre passé en 2015 vu les piètres résultats obtenus et d’engager une nouvelle consultation pour maîtrise d’œuvre sur des bases plus claires que précédemment. Pour éviter d’avoir à appliquer les normes s’appliquant à des ponts autoroutiers il est décidé qu’on ne réalisera qu’une passerelle pour public avec capacités de passages de véhicules de secours de classe 12,5 t maximum. Suite à appel d’offres sur ces bases, un nouveau maître d’œuvre est sélectionné. Les résultats des études menées précédemment sont mis à sa disposition (résultats des sondages notamment). Le marché correspondant est notifié fin 2020. L’affaire est conduite avec détermination et en octobre 2021, un DCE (Dossier de Consultation d’entreprise) avalisé par un Bureau de contrôle permet un appel d’offres pour réalisation.
Les offres reçues dépassent notablement le budget prévu par le maître d’œuvre. À cela s’ajoute que d’importantes subventions obtenues précédemment par la Ville pour la réfection du pont et sur lesquelles on comptait ne sont plus valides car non engagées à temps. Décision est alors prise par le Bureau municipal de mettre définitivement fin au projet en janvier 2022.
Passerelle temporaire pour chantiers d’insertion (2023….)
En 2022, ADPP fait le constat qu’au bout de dix années et beaucoup d’énergie et d’euros dépensés, on se retrouve exactement dans la situation qui en 2012 avait conduit au lancement d’une souscription. Ainsi pour la remise à l’état initial d’une entrée de casernement, il aura encore fallu que l’équipe chantiers d’insertion transporte à la main meulières, sable, chaux et eau nécessaires en passant d’abord par un escalier, le fossé, une longue pente raide puis la cour et les gravats ont continué de s’accumuler.
Pour pouvoir poursuivre ces travaux de remise à l’état initial dans des conditions correspondant mieux aux objectifs d’une insertion professionnelle en limitant les temps consacrés à des transports à la main et aussi parce qu’elle estime avoir des comptes à rendre aux souscripteurs qui lui avaient fait confiance, ADPP décide d’établir avec le concours d’Études et chantiers un nouveau projet. Il porte sur la réalisation d’une passerelle temporaire (classe 10 ans) pour usage exclusif chantiers d’insertion, les moyens d’accès actuels pour le public (escalier) n’étant pas affectés. Son financement est prévu par des prêts personnels avec l’espoir qu’une fois les travaux réalisés, les fonds collectés lors de la souscription pourront aider à leur remboursement. Une généreuse contribution de la Fondation Bruneau qui assure pour cette opération presque intégralement la couverture de l’encadrement du chantier d’insertion a été un facteur déterminant.
Ce projet a reçu lors d’échanges informels en novembre 2022 un accueil favorable du Maire. Ce n’est toutefois qu’à la mi 2023 qu’a pu être finalisée une convention autorisant les travaux. Ils ont commencé à l’automne par le démontage de la passerelle d’origine et se sont poursuivis par la préparation du renforcement des maçonneries existantes. L’objectif était une utilisation à partir de fin 2024 mais les conditions météo de début d’année et les faibles disponibilités des équipes Études et chantiers rendent cet objectif difficile à tenir. Ci après exemples des travaux menés à ce jour (mi juillet 2024).
Pour plus d’informations cliquer sur le lien ci-après :Presentation_Passerelle_temporaire
Projet pour une passerelle ouverte au public
Une contrainte que s’est imposé ADPP pour son projet de passerelle temporaire a été que les renforcements de maçonneries, non indispensables à ce stade, et les structures métalliques mises en place soient réutilisables en l’état si décision est prise d’élargir la passerelle temporaire et de l’ouvrir au public et au passage de véhicules de secours. L’objectif est de minimiser les coûts de cette extension. Cela supposait qu’un avant projet de passerelle définitive soit établi et la compatibilité de ce que l’on met en place au stade temporaire avec ce qui est nécessaire au stade final soit établie.
Il a été fait pour cela appel à un Bureau d’études qui a effectué les calculs nécessaires suivant les Eurocodes en vigueur et défini les ferraillages des renforts de maçonneries répondant au besoin final. La Ville a accepté de prendre en charge l’examen de ces calculs par un Bureau de contrôle agréé. Quelques réserves de ce Bureau sont en cours de discussions.
Il appartiendra à la Ville de décider des suites à donner, une première étape étant l’établissement par le Bureau d’études d’un dossier de projet permettant une évaluation précise des coûts puis l’établissement d’un dossier de consultations d’entreprises.
Ci après planches descriptives du projet de passerelle finale et exemples de plans de réalisation de maçonneries compatibles version temporaire, version finale.