L’après 1968
Mise à jour P. Baratault – nov 2024
Après la relance de la recherche dans les domaines où la France voulait retrouver le rang qu’elle avait avant la guerre, un thème est devenu porteur : l’Enseignement Supérieur. Des réflexion ont été menées dans les années 1960 sur l’aménagement du plateau : Grandes Écoles, habitat, axes de circulation…. Les évènements de 1968 poussent l’État à agir. Dans le même temps, la régionalisation s’est imposée. Des Laboratoires sont partis vers la Bretagne. L’Espace devient thème porteur. Cela va se traduire par :
Pour Palaiseau :
- l’installation de Polytechnique en 1976 dans un nouveau campus. Viennent de la Montagne Ste Geneviève à Paris l’école proprement dite (promotions de 300 élèves pendant trois ans) et les laboratoires de recherches,
- le départ du STTA (Batterie de l’Yvette) pour Bruz en Bretagne. Il cède alors la place à des laboratoires de l’ENSTA, École Nationale Supérieure des Techniques Avancées sise Boulevard Victor à Paris,
- le départ CNET (Batterie de la Pointe ) pour Lannion en Bretagne. Le site est repris par l’Armée. C’est à partir de là que sera dirigée par le Génie la construction du campus Polytechnique,
- l’ONERA devient Centre d’Études et Recherches Aérospatiales
Dans le voisinage proche sur le plateau :
- l’installation de l’ École Supérieure d’Électricité Supélec à Gif en 1976 qui déménage depuis Malakoff,
- la création de l’IUT (Institut Universitaire de Technologie) de la Faculté des Sciences d’Orsay
- la création du CESI (Centre d’Études Supérieures Industrielles) à Gif en 19701970
Dans le voisinage proche le long de la vallée de l’Yvette, la Faculté des Sciences d’Orsay devient Université Paris-Sud XI (1971)
Les prémices
C’est dès le début des années 1960 que sous l’impulsion du Général de Gaulle on se préoccupe de maîtriser la croissance de Paris et de ses banlieues. Un Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région de Paris fixe en 1965 les grands objectifs (Plan Delouvrier) Sont décidées la création de cinq grandes villes nouvelles à distance de Paris avec autoroutes de banlieues et Réseau Express Régional assurant leur desserte. Dans ce plan il est prévu que le plateau de Saclay où sont déjà implantés de grands établissements de recherches tels le CEA ou l’ONERA soit plus spécifiquement réservé à la Science. Ainsi vise-t-on de créer là une véritable « Cité Scientifique » Elle serait bien desservie par des liaisons rapides telles le projet d’autoroute A 87 devant relier les villes nouvelles, notamment celles de Saint Quentin en Yvelines et Evry, et qui devait passer par ce plateau. Ce projet d’autoroute sera abandonné en 1982 et seule la liaison entre le plateau de Palaiseau et l’autoroute A10 puis A7 via Chilly-Mazarin sera réalisé. Il porte maintenant le nom d’A126 mais on peut encore voir à sa jonction avec l’A10 le panneau indicateur « Cité scientifique ». Illustrations ci-dessous.
École Polytechnique
Plusieurs facteurs ont joué en faveur du déplacement de l’École depuis la Montagne Sainte Geneviève à Paris vers Palaiseau comme cela avait été envisagé dans le plan Delouvrier. L’École était à l’étroit et n’était plus en mesure d’accroître le flux d’étudiants que sa notoriété attirait et ainsi de satisfaire les besoins en ingénieurs de haut niveau du pays. Ses laboratoires où exerçaient ses enseignants-chercheurs ne pouvaient plus faire place à de nouveaux équipements et les « évènements » de 1968 incitaient à penser qu’il valait mieux mettre à l’abri de l’agitation parisienne les futures élites. De leur côté, les populations locales voyaient d’un bon œil que les surfaces dont on pouvait disposer sur le plateau soient dévolues à l’enseignement supérieur et la recherche plutôt que, comme cela avait été envisagé, à la création d’un nouveau grand ensemble symétrique par rapport à la Bièvre de celui de Vélizy/ Haut Meudon.
C’est sur un terrain de 160 hectares qui dépendaient antérieurement pour l’essentiel des grandes fermes de La Vauve et des Granges et seront expropriés que sont édifiées 155 000 m² de surfaces habitables. Outre un grand amphithéâtre de 790 places et de multiples autres salles de cours et laboratoires de langues, Ce bâti compte aussi 1500 chambres d’étudiants, des logements pour les cadres, une bibliothèque de 5000 m² et divers services. De vastes installations sportives avec notamment gymnases, piscines, centre équestre, lac pour le canotage sont à la disposition des étudiants. C’est en 1976 que l’école prend possession de ce nouveau site. (illustration ci-dessous).
ONERA
Progressivement l’ONERA a consolidé son implantation palaisienne. De nouveaux laboratoires et salles d’essais ont été créés traitant des matériaux pour moteurs et fuselages d’avions et satellites mais aussi de techniques radars pour l’imagerie ou la furtivité des avions. D’importants moyens de modélisations et simulations numériques ont été mis en place. Cela a nécessité outre l’aménagement du bâti d’origine quand cela était possible la construction d’immeubles pour bureaux, laboratoires, salles de réunions et vie sociale. On en a l’illustration ci-après où l’on voit se superposant au bâti d’origine qui a pu être réaménagé de nouveaux grands bâtiments là où étaient les casernements détruits par les allemands à leur départ en 1945.
Batteries de l’Yvette et de la Pointe
L’une comme l’autre des deux Batteries voient les conséquences de la volonté que l’on a eu dans la décennie précédente de décentraliser des activités de la région parisienne où l’on a de plus en plus de mal à les loger vers les Régions qui avaient souffert de l’exode rural. C’est vers la Bretagne qu’aussi bien le ministère des télécommunications dont dépend le CNET que celui des armées dont dépend le STTA décident de déménager les laboratoires qu’ils ont mis en place à Palaiseau peu après la guerre et progressivement aménagés.
Batterie de l’Yvette
C’est à Bruz à proximité de Rennes que les Armées ont décidé de regrouper des moyens jusqu’ici développés par les trois grandes Armes que sont l’Air, la Terre et la Marine. Les équipes palaisiennes du STTA doivent faire mouvement vers la Bretagne où elles trouveront des moyens de calculs et essais nouveaux dans de vastes bâtiments qui ont été conçus spécifiquement pour répondre aux besoins du moment et à ceux que l’on peut entrevoir pour le futur. Bon nombre des équipements des laboratoires et moyens d’essais restent donc sur place. L’armée de l’Air qui détenait pour les Armées la Batterie de l’Yvette décide alors de l’affecter à l’ENSTA, École Nationale Supérieure des Techniques Avancées. Cette école d’applications de Polytechnique située boulevard Victor à Paris à proximité immédiate du ministère de l’Air est trop à l’étroit pour y mettre en place les laboratoires et moyens d’essais que nécessitent les techniques nouvelles. C’est donc très logiquement qu’il est décidé d’installer ces laboratoires dans les locaux encore bien équipés que laisse en place le STTA. C’est un choix qui s’avèrera judicieux car on ne tardera pas à mettre à profit les longs tunnels de la Batterie pour des expérimentations sur lasers et c’est finalement toute l’école qui plus tard déménagera de Paris pour s’installer à Palaiseau sur le campus Polytechnique à proximité de ses laboratoires. La Batterie comme l’image ci-dessous le montre apparait alors bien isolée et perdue dans la nature. Peu de palaisiens connaissent alors ce site interdit d’accès car terrain militaire. La construction de Polytechnique modifiera son environnement.
Batterie de la Pointe
C’est à Lannion sur la côte bretonne entre Saint-Brieuc et Morlaix qu’il a été décidé de décentraliser en partie les activités naissantes de la France dans le domaine spatial. Le CNET est alors très impliqué car les premières applications porteront sur les communications (stations sol de Plemeur Baudou et satellites Symphonie). Il y installe donc une partie de ses équipes de région parisienne dont celle de Palaiseau. Le site bien que militairement déclassé est toujours propriété des Armées et c’est l’armée de Terre qui la prend alors en charge. Les installations que le CNET laisse alors en place (laboratoires de chimie, chambre sourde…) ne lui sont d’aucune utilité. Les bureaux, en particulier le bureau de dessins en plateforme supérieure bien chauffés, lumineux et dotés de commodités, vont par contre être occupés par le Génie militaire en charge de la mise en place de Polytechnique à Palaiseau avec ce que cela suppose d’acquisitions, définition et conduite des travaux. Le gardien reste en place et l’entretien du site est assuré par le contingent. Cela va durer jusqu’à la fin du chantier Polytechnique en 1976. Les Armées n’ayant plus d’utilisation pour le site cherchent alors à le vendre. Différentes approches sont envisagées mais comme cela est rapporté dans les pages « Batterie de la Pointe » c’est finalement la ville de Palaiseau qui en fera l’acquisition et le clôturera. Si la Batterie de l’Yvette est peu connue des palaisiens, celle de la Pointe l’est alors bien, en particulier des jeunes du voisinage qui en font un terrain de jeux. L’absence de gardiennage et le manque d’entretien conduiront au vandalisme et à faire du site une zone de non droits. Mettre fin à cette situation sera un objectif majeur de l’association ADPP dès sa création en 2002.