La géologie
Mise à jour P. Baratault nov 2024
Caractéristiques générales
L’image d’étendues cultivées que l’on a pu avoir du plateau avant l’opération Paris-Saclay ou que l’on retrouve encore quand on s’écarte des zones aménagées est trompeuse. Il n’y a pas à chercher bien loin pour retrouver les traces des grandes périodes qui ont marqué la géologie de notre région. Dès la montée sur le plateau, on peut observer ce que l’on doit à l’ère tertiaire, il y a de 70 à 30 millions d’années alors que la mer recouvrait le bassin parisien.
Ce sont d’abord des argiles, marnes et des calcaires puis des sables de Fontainebleau, très fins que l’on rencontre. C’est dans ces sables que se sont formés localement des bancs de grès, sorte de ciments, que l’on a longtemps exploités pour en faire des pavés pour les rues de Paris ou du voisinage, des bordures de trottoirs ou bien encore des linteaux de portes et fenêtres. On a encore des traces bien visibles de cette exploitation au lieu dit « La Troche » à proximité d’Orsay ou bien encore en cheminant dans le centre-ville de Palaiseau.
En poursuivant la montée vers le plateau, on trouve ensuite des argiles à meulières, pierres dures ayant servi autrefois pour façonner les meules des moulins. Les meulières ont constitué le matériau de base pour la construction locale. On en a un bon exemple avec les fortifications de Palaiseau bâties en meulières extraites des carrières voisines qui forment maintenant les « clos » du quartier des Joncherettes..
Viennent ensuite des sables de Lozère datant de l’époque où la mer s’était retirée et où la Loire et la Seine étaient confondues avec de place en place des marnes exploitées pour amender les terres cultivées . Enfin le limon déposé durant le quaternaire constitue la riche terre arable aujourd’hui encore exploitée dans la Zone de Protection Naturelle Agricole et Forestière qui a été préservée..
Autant de découvertes à faire en famille et qu’ADPP a pu commenter lors de sorties organisées, par exemple dans le cas dans de la semaine bleue.
Si vous souhaitez approfondir ce sujet, vous pouvez consulter l’étude détaillée faisant l’objet d’un cahier de l’Université Paris-Sud XI intitulé « Aspects de la géologie de l’Ile de France Sud »(1982) avec en particulier une communication de Mr R. Cojean sur la Géologie Palaiseau. Y figure la coupe géologique de la région de Palaiseau réalisée par Mr R. Cojean et dont le schéma simplifié est présenté en tête de cette page.
L’exploitation locale
Les ressources géologiques du plateau ont largement été exploitées dans le passé mais cette exploitation a progressivement cessé au cours du siècle dernier. Ce n’est plus guère que par des lieux-dits tels que « La Sablière » ou « Les Marnières » qu’on en retrouve les traces si l’on excepte l’emblématique ancienne carrière de grès de La Troche qui sous l’impulsion du Département a pu être aménagée en tant que géosite d’intérêt régional aujourd’hui largement fréquenté par promeneurs et grimpeurs.
L’ancienne carrière de grès de La Troche
C’est ce qui reste encore visible et visitable parmi de bien plus larges exploitations des bancs de grès qui se sont formés en bordure des plateaux de part et d’autre de la vallée de l’Yvette à Palaiseau, à Orsay et à Saulx-les-Chartreux. Ces grès proviennent d’agrégations de sables fins cimentés par oxyde de fer, d’où leur couleur.
On retrouve pour La Troche des traces d’envois de pavés à Paris depuis le XVIII ème siècle et ce n’est qu’en 1937 que cette carrière a été fermée. Elle avait ensuite été cédée aux villes de Palaiseau et Orsay en compensation d’aménagements de lotissements. La partie palaisienne avait donné lieu à la création du « Parc Chanlon », du nom du président de l’association des copropriétaires. Très excentré, ce parc était peu entretenu. La partie orcéenne (le tiers de la carrière proprement dite) avait été aménagée par des grimpeurs avec le soutien de la ville d’Orsay. Ils y avaient ouvert des chemins d’escalade à l’image de ce qui se fait aux rochers de Fontainebleau (un de ces chemins marqué en bleu aurait donné en un temps au site le nom de « Roches bleues »). Ils ont contribué par leur association COSIROC et avec les associations palaisiennes ADPP et Mémoire de Lozère à l’aménagement de ce géosite par le Département en 2018. Ils contribuent depuis régulièrement avec ces mêmes associations à son entretien dans le cadre d’opérations « Essonne Verte Essonne Propre ».
ADPP a édité en 2015 la brochure abondamment illustrée « Les carrières à Palaiseau » qu’il est possible de télécharger en cliquant sur ce titre. Son auteur François Bendell y développe les différents thèmes résumés ci-avant, géologie du plateau,exploitation du grès et entreprises, transport des pavés. Il y fait état d’ouvrages de références sur ces questions.
Les meulières
Les meulières sont issues de la décomposition d’argiles. Leur granularité sur le plateau ne permettait pas d’en faire des meules pour moulins mais convenait parfaitement pour des maçonneries. Comme on les trouve à faible profondeur sous la couche de loess recouvrant le plateau, leur extraction est aisée. Elles ont été le matériau de base du bâti gallo-romain dont on retrouve de nombreuses traces sur le plateau et leur utilisation s’est poursuivie à Palaiseau jusqu’aux années 1950 où parpaings, briques creuses et béton ont pris le relais. On peut avoir une illustration de l’emploi des meulières et du grès en centre ville de Palaiseau en suivant le parcours proposé dans la brochure « Promenade géologique dans Palaiseau ». Cette brochure éditée sur demande du Département et maîtrise d’œuvre du Muséum National d’Histoire Naturelle est disponible en librairies, médiathèques locales ou auprès des associations ADPP et Mémoire de Lozère qui ont conjointement défini le parcours, commenté et illustré.
C’est en partie haute des flancs du plateau que leur extraction est la plus facile et on a longtemps mis à profit la couche d’argile et meulières qu’il fallait dégager pour accéder aux bancs de grès sous-jacents.Cela ne suffisait pas dans les années 1875-1980 pour assurer les importantes constructions du fort de Palaiseau et de ses deux Batteries. Trois grandes carrières ont alors été ouvertes entre les Batteries de l’Yvette et de la Pointe. Une fois les constructions des fortifications terminées, ces carrières ont été fermées puis comblées et dans les années 1950 elles ont été loties sous les appellations de « clos ».
Les travaux récents pour la mise en place de la ligne de métro 18 reliant dans un premier temps Orly à Saclay ont nécessité pour passer du souterrain à l’aérien le creusement d’une longue tranchée en amont du campus Polytechnique. On a alors pu voir les énormes tas des meulières excavées. Avec l’appui de l’Établissement public, ADPP a pu s’y procurer les meulières utilisées lors de la réfection par chantiers d’insertion de l’entrée d’un casernement de la Batterie de la Pointe.
Les marnes
Les marnes résultent d’un mélange d’argiles (silicates de calcium) et de calcites (carbonates de calcium). Broyées avec de la chaux, elles ont été utilisées dans le passé pour amender les sols acides. On les extrayait au fond de puits pouvant être profonds d’une vingtaine de mètres et cela n’était guère possible qu’en bordure nord du plateau. On ne retrouve plus aujourd’hui de traces de ces puits, au moins dans le domaine accessible au public, mais seulement le lieu-dit « Les Marnières ».
Les sablières
Les sables de Fontainebleau qui constituent le soubassement du plateau sont faciles à extraire et abondants mais trop fins pour pouvoir être utilisés en maçonnerie. Ils conviennent par contre bien pour la verrerie mais on n’a pour l’instant pas de trace d’emploi pour cela à Palaiseau. De l’époque lointaine ou Loire et Seine se rejoignaient (il y a 4,5 millions d’années), la Loire avait apporté depuis le massif central des alluvions granitiques ayant donné lieu à formation de sables à gros grains dénommés « sables de Lozère » (on en a des traces à La Troche). C’est sans doute ce type de sable qui a été exploité dans le passé en limite de Palaiseau et Igny comme la rue de la sablière le laisse penser.
En illustrations : exemples d’utilisation de la meulière Batterie de la Pointe, de puits d’extraction de marnes et sites d’exploitations géologiques à Palaiseau