Immédiat après-guerre
La Recherche dans le secteur de Palaiseau
Dès 1945, la France veut reprendre dans tous les domaines de souveraineté la place qu’elle avait perdue pendant la guerre. Pour le secteur de Palaiseau, plateau et vallées, c’est la Recherche qui est privilégiée. Les thèmes porteurs sont alors l’atome, l’aéronautique,les télécommunications… avec des initiatives directes de l’État pour l’essentiel en réoccupant les fortifications qui n’ont plus d’utilité militaire ou acquérant de vastes terrains parfois expropriés en raison du comportement de leurs propriétaires. Ainsi sont créés :
- À Palaiseau en 1946 l’ONERA (à l’époque Office National d’Études et Recherches Aéronautiques) dans le fort principal, le CNET (Centre National d’Études des Télécommunications) Batterie de la Pointe et un laboratoire d’essais du STTA (Service Technique Télécommunication Armée de l’Air) Batterie de l’Yvette.
- Dans le voisinage proche sur le plateau en 1948 le CEPr (Centre d’Essais des Propulseurs ) dans le fort de Villeras à Saclay, en 1952 le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) à Saclay, en 1945 le Laboratoire de recherches de CDC (Compagnie des Compteurs) à Corbeville qui sera repris en 1957 par CSF (Compagnie générale de télégraphie Sans Fil, racine du Thales d’aujourd’hui.
- Dans le voisinage proche le long de la vallée de l’Yvette en 1945 le CNRS (Centre National de Recherches Scientifiques) à Gif et l’INRA (Institut National de Recherches Agronomiques) à Bures, en 1955 l’Institut de Physique Nucléaire à Orsay et en 1958 l’IHES (Institut Hautes Études Scientifiques) à Bures.
L’ONERA au fort de Palaiseau
Pendant la guerre les allemands avaient entreposé au fort de Palaiseau des munitions qu’en partant ils ont fait sauter. À son arrivée, l’ONERA a donc dû procéder à d’importantes remises en état. Si les casernements avaient beaucoup souffert de l’explosion, les locaux de servitudes et les vastes circulations avaient mieux résisté. On y installa vite les premiers laboratoires et bancs d’essais, notamment pour des moteurs d’avions dont les rugissements se faisaient entendre dans tout le voisinage. Progressivement les activités de L’ONERA se sont diversifiées et ont été étendues au domaine spatial (la dernière lettre du sigle ONERA ne signifie plus « Aéronautiques » mais « Aérospatiales »). Des bâtiments nouveaux ont été construits. Aujourd’hui encore les extensions se poursuivent en vue d’accueillir les activités centrales et le siège de l’ONERA jusqu’ici situés à Châtillon.
Le CNET Batterie de la Pointe
La Batterie de la Pointe n’a pas souffert de la guerre mais le bâti nécessite de multiples aménagements pour répondre aux besoins de la recherche et de l’évaluation de produits. Les casernements sont réaménagés, le plus au sud pour loger le gardien du site et sa famille, les autres en laboratoires, garages ou magasins. Deux nouveaux bâtiments sont édifiés sur le « cavalier » (partie supérieure de la fortification où étaient placés les canons en positions de tirs). On repousse pour cela dans les fossés les massifs de terre qui les protégeaient. Y sont implantés un large bureau de dessins bien éclairé, les bureaux des ingénieurs et la direction du site D’autres aménagements suivront, installation d’une chambre sourde pour mesures d’acoustique dans l’ancienne citerne à eau, installation de laboratoires de chimie dans d’anciennes « traverses » (abris pour les canons et les artificiers), cages de Faraday et base d’essais d’antennes en partie ouest du « cavalier »…Pour tout cela il aura fallu un chauffage central, l’eau courante, une installation électrique, des sanitaires répondant aux besoins. Si aucun des bâtiments d’origine n’est détruit, ces travaux vont marquer durablement le site. On en trouve encore de multiples traces aujourd’hui et ce n’est que très progressivement que, par des travaux menés par des chantiers d’insertion, on se rapproche de la situation d’origine.
Le STTA Batterie de l’Yvette
Si en principe le Gouvernement de l’époque avec forte présence du Parti Communiste s’interdit de mener en propre des recherches dans le domaine de l’armement, il n’en reste pas moins nécessaire de procéder à des évaluations techniques des équipements que l’industrie renaissante française peut proposer. Pour gérer les contrats qu’elle peut passer avec ce que cela suppose de spécifications des produits, négociations des marchés, contrôle des performances de ce qui est livré, les Armées disposent de Services Techniques généralement sous l’autorité de polytechniciens. Ainsi le STTA, Service Technique des Télécommunications de l’Air a la charge de tous les contrats passés pour l’équipement des avions d’armes en matériels reposant sur l’emploi d’ondes électromagnétiques tels qu’émetteurs récepteurs radio, radars, brouilleurs…Pour mener les contrôles techniques des matériels livrés, le STTA ne dispose pas à Paris à proximité de la Cité de l’Air des surfaces nécessaires. Décision est prise d’installer ces laboratoires d’essais dans la Batterie de l’Yvette à Palaiseau qui comme sa jumelle la Batterie de la Pointe n’a pas souffert de la guerre. Les travaux d’aménagement à mener seront cependant d’une autre ampleur. Il faut en effet installer de vastes chambres d’essais radioélectriques, des enceintes thermiques, des pots vibrants et aménager des accès pour des véhicules transportant des équipements lourds. Les fossés seront comblés, des bâtiments nouveaux créés. Ces investissements portent aujourd’hui encore leur fruit car comme on le verra, quand les moyens d’essais des Armées seront regroupés à Buz en Bretagne, c’est l’ENSTA (École Nationale Supérieure des Techniques Avancées) qui occupera la place et y est toujours aujourd’hui.
Illustrations : travaux fort de Palaiseau pour l’ONERA et Batteries de la Pointe et de l’Yvette