L’hydrologie

Mise à jour Pierre Baratault  Octobre 2024

Sur le plateau, une fine  couche d’argile peu profonde empêche les eaux de pluie ou de fonte des neiges de s’infiltrer rapidement dans le sol. La stagnation des eaux qui en résulte a longtemps été un problème jusqu’à ce que soit créé un réseau de rigoles alimentant les étangs de Saclay pour pourvoir aux « grandes eaux » du château de Versailles.Ces rigoles ont indéniablement contribué, même si ce n’était pas le but premier, à l’assainissement des terres cultivées. Tout un chapitre de l’Histoire du plateau de Palaiseau éditée par ADPP leur est consacré.

La stagnation des eaux n’avait pas que des inconvénients. Elle avait favorisé la mise en place de mares où le bétail pouvait s’abreuver sans avoir à revenir à la ferme. Les grands axes de circulation d’aujourd’hui allaient dans un passé lointain de mare en mare. Cette stagnation avait aussi favorisé le maintien pendant une grande partie de l’année de mouillères accueillant toute une flore et une faune particulières. Elles étaient  en étant souvent  entourées de remises boisées où le gibier très convoité pouvait se réfugier.

Ces eaux de surface finissent quand même par s’infiltrer. Elles ressortent ainsi sur les flancs du plateau sous forme de sources donnant naissance à de multiples rus ou ruisseaux allant vers l’Yvette ou la Bièvre. La plupart de ces ruisseaux sont aujourd’hui recouverts mais on en retrouve de-ci de-là des traces à l’air libre ou on peut les entendre couler sous nos pieds ou à proximité de bouches d’égouts.

Aujourd’hui, ce dont on doit surtout s’assurer c’est que la bétonisation qu’entraîne l’opération Paris-Saclay ne fasse pas que les eaux de très fortes pluies dévalent dans les vallées de l’Yvette ou la Bièvre avec inondations des centre-villes. Pour cela, tout un réseau de canalisations souterraines a été mis en place pour conduire les eaux de ruissèlement  vers de grands bassins de rétention dans les parties basses du plateau et des noues ont été aménagées auprès des grandes constructions. On a par ailleurs voulu aussi tirer profit des eaux profondes pour la climatisation de constructions nouvelles. C’est là tout un réseau de géothermie qui a été mis en place.

Ces différents aspects de l’hydrologie sur le plateau sont traités dans les chapitres qui suivent. Un accès est proposé à des publications plus exhaustives d’ADPP ou d’associations partenaires.

 

   Les rigoles

C’est entre 1680 et 1685 qu’a été creusé sur le pourtour du plateau de Palaiseau un réseau de rigoles collectant les eaux de surface drainées à faible profondeur. Ces eaux étaient dirigées vers les étangs vieux et neuf de Saclay. De là elles partaient, en fonction des besoins vers le château de Versailles, en passant en surplomb de la Bièvre par le superbe aqueduc de Buc (580 m de long), aqueduc aujourd’hui désaffecté. Deux rigoles enserraient la partie palaisienne du plateau, à son sud-ouest la rigole de Corbeville en surplomb de la vallée de l’Yvette  et à son est et son nord la rigole des Granges en surplomb de la vallée de la Bièvre. Il ne s’agit là que d’une modeste part des travaux de très grande ampleur qu’auront nécessité les fastes des grandes eaux de Versailles mais leur état de conservation donne localement une bonne idée du savoir-faire du moment. C’est sous l’autorité de Colbert que l’ingénieur Thomas Gobert a conduit les travaux en mettant au point pour cela des méthodes originales de mesures des niveaux car les dénivelés sur le plateau sont très faibles et devaient être connus avec précision.

Une rigole a une emprise au sol en largeur de  12 m  également répartis  entre d’un côté un fossé de profondeur de la classe du mètre et de l’autre un chemin pour la surveillance et l’entretien. Régulièrement des bornes marquées du lys royal rappellent qu’il s’agissait là du domaine du roi. Des ponts en meulière dont subsistent de nombreux exemples permettaient de maintenir la continuité des chemins.

Ces rigoles ont subi au fil du temps quelques vicissitudes. La rigole des Granges par exemple avait été détournée lors de la construction du fort de Palaiseau et a été ensuite en partie recouverte. Elle a été coupée lors de l’ouverture de l’autoroute A 126. Celle de Corbeville avait été coupée lors de la construction de l’école Polytechnique  et de l’autoroute N118. Le souci de se prémunir contre les risques d’inondations des vallées lors de fortes pluies a conduit à les revitaliser. Ainsi par exemple l’Établissement public en charge de l’opération Paris-Saclay a rétabli un passage par pont au dessus de l’autoroute N118 pour la rigole de Corbeville. Il reste encore à faire pour la rigole des Granges.

En iIllustration ci-après  : Plan des rigoles telles qu’à leur création, exemples de rigole, de borne royale, de pont et plan des rigoles de Palaiseau aujourd’hui.

Plan des rigoles initial

 

Les rigoles aujourd’hui

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Des informations plus complètes sont  accessibles sur le site de l’association des étangs et rigoles du plateau de Saclay ADER

Les mares, mouillères et réduits

Les mares ont été aménagées et  largement exploitées durant la période gallo-romaine pour abreuver les troupeaux. Elles ont été préservées par la suite par les grandes fermes qui pratiquaient élevage de bovins et cultures céréalières. Les mouillères se forment naturellement dans des creux du plateau. Elles étaient souvent associées dans le passé à des « réduits« , espaces végétalisés où pouvait s’abriter le gibier. Ces réduits furent longtemps préservés pour les grandes chasses royales, un gardien de chasse assurant leur surveillance (le père de Joseph Bara, jeune palaisien héroïsé par la Révolution exerça cette fonction). Les mouillères pouvaient être propices  à l’exploitation des joncs. Le quartier des Joncherettes en a tiré son nom.

L’urbanisation récente a profondément modifié la répartition de ces mares. Elles n’ont plus leur fonction première, l’élevage qui n’est  plus exercé sur ce plateau, mais il y a eu volonté  de réhabiliter ou déplacer certaines d’entre elles pour maintenir une biodiversité. Elles font maintenant l’objet d’agréables promenades de découvertes de la nature particulièrement dans la forêt domaniale.

En illustration ci-après, plans des mares et mouillères hier et aujourd’hui et promenade découverte des mouillères en forêt domaniale

 

Mouillères

 

Les rus

C’est en descendant du plateau vers les vallées que l’on retrouve l’eau qui d’abord maintenue en surface par une fine couche d’argile à meulière finit par s’infiltrer au travers de l’épaisse couche de sable de Fontainebleau (une cinquantaine de mètres). Elle rencontre au bas de ces sables une couche d’argiles et marnes impénétrable et une nappe phréatique se forme.L’eau sourd alors en de nombreux points à ce niveau et donne naissance à de petits ruisseaux ou rus. Ces rus ont été largement exploités par le passé avant de se jeter dans l’Yvette ou la Bièvre. Ils alimentaient dans le bourg des lavoirs et on y puisait l’eau d’arrosage des jardins où l’on cultivait notamment la fraise à destination de Paris. Ces rus sont aujourd’hui recouverts sur la majeure partie de leurs trajets avec de place en place des évents pour absorption des ruissellements. En passant près de ces évents on entend qu’ils sont toujours bien vivants.

En illustration ci-après :  les principaux rus de Palaiseau centre-ville, les apports des eaux du plateau à l’Yvette  et un panneau de présentation des mouillères (Communauté d’Agglomération)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les bassins de rétention et noues

La bétonisation de la bordure sud du plateau imposait des mesures drastiques pour qu’en cas de très fortes pluies les eaux de ruissellement ne dévalent vers les villes bordant l’Yvette. À la suite d’études menées par l’Établissement Public d’Aménagement, deux types de mesures ont été prises: Pour les voies collectives et les constructions centrales, un réseau de canalisations enterrées de grand diamètre conduit par gravité les eaux de ruissellement collectées vers des bassins de rétention en des points bas du plateau avec exutoires vers la Bièvre. Ces bassins ont été interconnectés et ont contribué à la création d’un corridor écologique (trame bleue) en vue de favoriser la biodiversité.

Pour les constructions plus excentriques, pour ne pas saturer les réseaux existants, des noues, fossés végétalisés peu profonds et à faibles pentes ont été mises en place. Ces noues en temps normal sans eau apparente permettent de stocker les eaux de ruissellement lors de fortes pluies, leur évacuation se faisant par évaporation à laquelle la végétation contribue ou par infiltration dans le sol.

En Illustration ci-après : bassins de rétention avec corridor écologique quartier Polytechnique et deux exemples de noues.

Bassins de rétention et corridor écologique
Noue ENSTA
Noue écoquartier Camille Claudel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La géothermie

L’eau très profonde été mise à profit lors de l’opération Paris-Saclay pour assurer la climatisation d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche  ainsi que d’hébergements d’étudiants. Elle est puisée au sud de la zone d’aménagement à 750 m de profondeur dans la nappe de l’Albien qui est présente dans une grande partie du  Bassin parisien avec des réserves estimées à 700 milliards de mètres cubes d’une eau de bonne qualité à température de 30 à 32°C. L’eau puisée cède une partie de sa chaleur dans un échangeur avec un réseau de distribution et est réinjectée dans la nappe à une température  de 10 °C. Le fonctionnement est réversible et permet le refroidissement d’installations consommant beaucoup d’énergie tels les data centers.

En illustration ci-après : schéma des principes mis en œuvre et réseau de distribution pour la Zone d’Aménagement Concerté de Polytechnique – La Vauve.

Principes de la géothermie
Réseau de chaleur ZAC Polytechnique-La Vauve

 

 

 

 

 

 

 

Publications d’ADPP sur le thème de l’eau (cliquer sur textes en gras et couleur)

Histoire de l’eau à Palaiseau par François Bendell (mars 2018). Une brochure de 36 pages abondamment illustrée relatant les différents usages de l’eau à Palaiseau au fil du temps dans les vallées comme sur le plateau. Elle est mise à disposition dans les médiathèques de la communauté d’agglomération. On peut se la procurer au stand ADPP lors des manifestations auxquelles participe l’association.

– En 2012, à l’occasion du printemps de l’environnement, ADPP a organisé un parcours découverte de l’hydrologie du plateau de Palaiseau. Vous pouvez consulter la Fiche remise aux participants et refaire par vous même ce parcours.